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à ses prieres et contemplations, et Halladin alloit dans les villes et bourgades voisines chercher les viandes et les choses qui m’estoient necessaires. Et moy, cependant, j’estois sur le haut de ces rochers, tournant tousjours les yeux et le cœur du costé où j’avois laissé Madonte. Je me souviens qu’en ce temps-là je m’entretenois souvent avec ces vers :


Stances

Sur les contentemens perdus.

I

Employer toutes ses pensées
A ne songer ny nuict ny jour
Qu’aux choses qui se sont passées
Les premiers ans de nostre amour,
C’est le plaisir que mon tourment
Reçoit pour seul allegement.

II

Mais que te sert, ô ma mémoire !
De r’appeller incessamment
Le ressouvenir de la gloire
De mon passé contentement ?
Estre descheu d’un si grand’heur,
Accroit à mon mal sa grandeur.