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contrées que l’on ne tient rien de plus certain. Et je me souviens que quand la nouvelle en vint icy, et que l’on racontoit vos amours, vostre jalousie et vostre mort, plusieurs vous plaignoient, non seulement pour vous estre perdu pour un si mauvais sujet, mais encores pour n’avoir point vescu un peu d’advantage, pour veoir la vengeance que l’on prit peu apres de la cauteleuse et malicieuse Leriane, leur semblant à tous que vostre fidélité et vostre affection meritoient bien que vous partissiez de ceste vie, pour le moins avec la satisfaction de sçavoir l’innocence de la pauvre Madonte. Mais comment est-il possible que vous soyez sauvé et que je vous voye maintenant icy ? – Madame, respondit le chevalier, puis que vous sçavez toutes ces choses aussi bien que moy, je veux dire tout ce qui m’est advenu jusques au combat de Tersandre, et à l’opinion de ma mort, je ne m’amuseray donc point d’advantage à les vous redire, et seulement, puis qu’il vous plaist me le commander, je vous raconteray ce qui s’est passé depuis, ce qui me fera passer sous silence une grande partie de ce que j’avois à vous dire, et abreger par ainsi une grande partie de mes cruelles peines.

Il est certain que je sortis du combat que j’avois eu contre Tersandre, blessé en divers lieux, mais entre les autres, j’avois deux grandes playes qui me donnoient esperance d’en mourir, ne