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en faire semblant, Galathée apprenoit des nouvelles de Celadon, de l’amour duquel elle ne se pouvoit deffendre, bien estonnée toutesfois de ce que l’on ne sçavoit qu’il estoit devenu. Et lors repensant en soy-mesme que ce berger n’estant point en cette contrée, elle avoit accusé à tort Leonide, elle fit dessein de la rappeller aupres d’elle ; et pour cet effect se resolut de passer chez Adamas, tant pour l’amener avec elle, que pour l’esperance qu’elle avoit d’y rencontrer cette Astrée, de laquelle elle avoit tant ouy parler, afin de juger si sa beauté estoit telle qu’elle peust convier Celadon de mespriser si fort la sienne.

Et en ces pensées, elle ne peut s’empescher de souspirer assez haut, dequoy Cleontine s’appercevant : Que veut dire cela, madame, luy demanda-t’elle, je vous oy souspirer : avez-vous quelque chose qui vous fasche ? Galathée qui ne la vouloit pas pour secretaire de ses pensées, luy respondit : Je souspire, ma mere, parce que je suis en peine de Clidaman, vous sçavez le lieu où il est et s’il n’y a pas occasion de craindre pour luy. Plusieurs jours sont passez qu’Amasis ny moy n’en avons point de nouvelles, et depuis quelque temps les Vacies nous advertissent que la plus-part des victimes, lors qu’ils viennent à visiter les entrailles, se trouvent defaillantes aux plus nobles parties. De plus, j’ay eu tout plein de songes fascheux ; je vous asseure