Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/516

Cette page n’a pas encore été corrigée

comment vit-il avec elle ?

O Madame ! respondit Cleontine, il est entierement guery du mal qu’elle luy avoit fait, il n’a plus d’autres pensees que d’épouser Astrée. – Comment, reprit la nymphe, Calidon veut espouser Astrée ? et elle, le veut-elle bien, et qui est-ce qui traitte ce mariage ? – C’est, dit-elle, Phocion, oncle d’Astrée, et Thamire qui voudroit bien luy voir des enfans, puis qu’il n’en peut point avoir de son costé. Mais je croy que difficilement ce mariage se fera, car Astrée en est tant esloignée, qu’il y aura bien de la peine à l’y faire consentir. – Et pourquoy ? dit Galathée, aime-t’elle quelqu’autre berger ? – Nous n’oyons point dire, reprit Cleontine, qu’elle en aime maintenant, mais elle ne s’est pas peu empescher, apres la mort de Celadon, de declarer l’amitié qu’elle luy portoit et mesme depuis quelque temps, luy faisant dresser un vain tombeau. – Et qu’est-il devenu, ce berger duquel vous parlez ? dit la nymphe. – Je croy, madame, respondit Cleontine, qu’il y a sept ou huit lunes qu’il se noya. – Et pourquoy, dit la nymphe, luy fit-on ce vain tombeau ? – Parce, madame, dit Cleontine, que nos plus sçavans Sarronides et druides nous font entendre que l’esprit de celuy qui meurt va errant plusieurs siecles, quand les survivans ne rendent pas ces devoirs de la sepulture. Et d’autant que l’on n’a jamais peu trouver le corps de Celadon, on luy a dressé