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peu, la receut en ses bras, et la tint quelque temps embrassée, luy disant : Que vous semble, ma mere, de l’équipage avec lequel nous vous venons trouver ? Je pense que mal-aisément eussiez-vous creu que je vous fusse venue voir de ceste sorte. – Je ne croiray jamais, madame, dit Cleontine, que vous preniez la peine de venir vers moy, car, lors que vous aurez affaire de mon service, vous me commanderez de vous aller trouver. Mais je scay bien aussi que vous honorez assez nostre grand Tautates pour venir visiter avec plus d’humilité encores le sainct lieu où il luy plaist de rendre, ses oracles. – J’avoue, dit Galathée, que mon dessein estoit bien de venir icy, mais non pas à pied ny si tost. – Voilà, adjousta Cleontine, comme la bonté du grand Dieu se recognoist tousjours davantage, faisant naistre sans que nous y contribuyons rien du nostre, bien souvent des occasions pour luy rendre de plus grands, devoirs que nous n’avions pas desseigné, afin d’avoir plus de suject de nous faire de nouvelles graces.

A ce mot, Galathée s’avança pour saluer les vierges druides ; et puis continuant le chemin de Mont-verdun, et ne voyant point Celidée parmy les autres, elle luy demanda où elle l’avoit laissée. – Madame, luy dit-elle, il ne fut jamais un plus heureux mariage que celuy de Thamire et d’elle, et je ne croy pas que ceux qui les verront ensemble ne prennent envie de se marier, – Et qu’est-il, adjousta la nymphe, de Calidon, et