Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/513

Cette page n’a pas encore été corrigée

cela de propre qu’elle s’acquiert une merveilleuse faveur parmy les dames.

II n’avoit point encores haussé sa visiere, et marchoit sans faire semblant de le vouloir faire, lors que Silvie, voyant la curiosité de toutes ses compagnes : II me semble, dit-elle, madame, que nous avons trop d’obligation à ce brave chevalier pour demeurer plus long-temps sans cognoistre et son visage et son nom. Si vous nous le permettez, nous esprouverons sa courtoisie, comme nous avons desja veu sa valeur, aussi bien marche-t’il avec trop d’incommodité, ayant tousjours la visiere baissée, tout ainsi que s’il estoit encore aux mains avec Argantée.

Le chevalier, sans attendre que Galathée respondit : Pour mon visage, dit-il, madame, il ne vous sera point caché quand il vous plaira de le voir, mais pour mon nom, je vous supplie de permettre que je le cele, aussi bien ne le cognoistriez vous pas. Galathée respondit : Il faut, gentil chevalier, que vous nous contentiez en tous les deux, et vous n’en devez point faire de difficulté, car si vous voulez vous celer, puis que vous dites que vostre nom est si incogneu, aussi bien ne le cognoistrons nous point, et vous nous aurez satisfaictes. – Je voy bien, madame, respondit-il, qu’il est plus aisé de vaincre les chevaliers, pour vaillans qu’ils soient, que de se deffendre des belles dames. J’useray donc de supplication, et