Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/510

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’Argantée, craignant qu’il ne le voulust devorer, demeura toujours en garde aupres du corps, ne voulant souffrir qu’un si vaillant chevalier fust traitté de ceste sorte.

Mais lors qu’il le vid partir, il s’en retourna vers les nymphes qui, ayans veu faire de si genereuses actions à ce chevalier, l'estimoient toutes grandement. Il s’adressa d’abord à Galathée, la jugeant pour telle qu’elle estoit, tant pour la majesté qui estoit en elle, que pour l’honneur que les autres luy portoient, et apres l’avoir saluée, il la supplia luy vouloir pardonner l’incommodité qu’à son occasion elle avoit receue. – Je suis bien marrie de la vostre, luy respondit-elle, et bien en colere contre l’indiscretion de ceux qui vous ont assailly tant inconsiderement et en ma presence ; mais je vous promets, seigneur chevalier, qu’outre le chastiment que vous leur avez donné, je les feray punir comme ils méritent. – Madame, respondit le chevalier, je serois bien marry que ceux qui sont en vostre service receussent quelque desplaisir pour moy, je desire trop de les servir tous, et au contraire je vous demande leur grace, madame, et vous supplie de ne me la point refuser. – C’est à vous, seigneur chevalier, dit-elle, à la leur donner, s’il vous plaist, puis que c’est vous qu’ils ont offencé, et ces dames et moy vous avons trop d’obligation pour vous refuser ce