qui ayant tenu quelque temps les yeux immobiles sur la fontaine, revenoit en fin en luy-mesme comme d’un profond sommeil, avec des sanglots qui sembloient de luy devoir arracher la vie. II vid que levant les yeux au ciel, il dit, assez haut à mots interrompus, telles paroles :
Sonnet
C’est faute de courage
que de supporter tant d’infortunes.
Faut-il encor se flatter d’esperance,
Faut-il encore escouter ses apas ?
Faut-il encor marcher dessus les pas
De cette folle et trompeuse creance ?
N’avons-nous point encor la cognoissance
Que nostre bien pend de nostre trespas,
Et que l’honneur desormais ne veut pas
Que nous ayons plus longue patience ?
Ces maux, ces morts, ces tourments infinis,
Jamais de nous ne se verront bannis,
Et seulement nous vivrons à l’outrage.
Celuy qui peut tant d’offenses souffrir,
Sans promptement se resoudre à mourir,
A bien un cœur, mais n’a point de courage.