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prononçant le plus distinctement qu’il luy estoit possible, il se mit à chanter tels vers :


Stances

Que sçachant le changement de sa dame,
il devoit ou mourir, ou guerir de despit.

I

Toy qui d’une beauté regrettes l’inconstance,
Et qui de son erreur vas les autres blasmant,
Sois avec moins d’amour ou moins de sentiment,
Et te sers de l’oubly, ou de la patience.

II

Oublie ou ses beautez, ou mesprise l’outrage,
Si ton cœur y consent, il est desja guery ;
Et s’il en fait refus, tu dois estre marry
De ton mal beaucoup moins que du peu de courage.

III

Tu ne fus onc blessé que d’une esgratigneure,
Car dés lors qu’on te dit son cruel changement,
Si vrayement tu l’aymois, devois-tu pas, amant,
Ou guerir du despit, ou mourir de l’injure ?

IV

De l’amour offencé ne chercher la vengeance,
C’est estre par ses loix complice du forfaict.
Et qui s’estonnera, si cet amour t’a faict
Partager à la peine aussi bien qu’à l’offense ?