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VIII

Il se mocque de voir que l’homme qui ça bas
Par raison est le maistre,
Aymé mieux vainement l’adorer que non pas
Estre ce qu’il doit estre.

IX

Cruelle engeance, hélas ! le Ciel pour nostre ennuy
T’a de beauté pourveue,
Puisque tu ne t’en sers qu’au malheur de celuy
Qui peu sage t’a veue.

Le chevalier, oyant blasmer de cette sorte contre raison toutes les femmes pour la faute que quelqu’une pouvoit avoir commise, fut grandement offencé contre celuy qui parloit si indiscretement. Et luy semblant que de le souffrir sans vengeance, et de laisser ces blasphemes impunis, c’estoit commettre une grande faute contre la belle Madonte, à l’heure mesme il eust mis la main à l’espée pour l’en faire desdire, et crier mercy des injurieuses paroles qu’il avoit proferées, n’eust esté qu’il pensa estre plus à propos de luy donner occasion de le rechercher du combat : Parce, disoit-il, que s’il a du courage, il ressentira l’offence, et en voudra avoir raison, et s’il n’en a point, il me seroit trop honteux de le combatre.

En cette resolution le chevalier se releva, et se tournant du costé de ce chevalier, apres avoir quelque temps pensé à ce qu’il devoit dire, haussant la voix le plus qu’il peut, et