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pour vous tant que vous dites, puis que je m’asseure n’y avoir une seule de la trouppe qui ne voulust avoir changé avec moy, et je vous jure, berger, que je ne les envie point toutes ensemble. – Si je pensois, reprit Silvandre, que vostre cœur consentist à ce que vostre langue profere, je me dirois le plus heureux berger, de l’univers. – S’il ne vous faut que cela, repliqua Diane, pour estre heureux, asseurez vous sur ma parole que vous avez tout l’heur que vous scauriez souhaiter. – Et quel tesmoignage en puis-je avoir ? dit Silvandre. – Vous estes personne de tant de jugement, respondit la bergere, que vous recognoistrez assez la verité quand il vous plaira de la rechercher. Outre que si cela n’estoit pas vray, qu’est-ce qui me pourrait obliger de demeurer icy, puis que je pourrois trouver autant d’excuses que j’en voudrois pour aller ailleurs chercher l’entretien qui me seroit plus agreable que le vostre ? Mais j’ay bien plus à craindre que Silvandre ne s’ennuye aupres de moy, n’y ayant rien qui le puisse arrester que sa seule civilité. – Ma belle maistresse, adjousta incontinent Silvandre, cet excez de courtoisie dont il vous plaist user envers moy à ce coup, m’offense plus que vous ne scauriez croire, puis que, si vous avez cette opinion de luy, ou vous me tenez pour personne de peu de jugement, ou vous faites un grand tort au vostre et à mon affection ; car il faudroit bien que je fusse sans cognoissance si je