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où nous laissons ce discours, nous le finirons demain en nous en allant en vostre hameau, et cependant soyez asseurée que j’ay plus de volonté de vous aimer et servir que vous ne le sçauriez desirer.

Ce qui fut cause qu’Alexis remit ce discours à une autre fois, ce fut pour ne le pouvoir continuer plus long-temps, sans donner quelque soupçon à ceux qui les regardoient, et qui voyans les changemens de son visage eussent peu s’en estonner, et lesquels elle esperoit pouvoir mieux couvrir par les chemins, où la pluspart, attentifs à marcher, n’attendent qu’à choisir les plus commodes passages ; mais, outre cela, elle faisoit dessein de se conseiller avec Adamas et avec Leonide de ce qu’elle avoit à faire en ceste occasion.

Et de fortune, Hylas qui ne pouvoit supporter de si longs entretiens, sans qu’il en eust sa part, comme s’il y eust esté envoyé exprès, vint interrompre leur propos. Ma maistresse, luy dit-il, vous entretenez si longuement et si soigneusement cette bergere, que si vous continuez, vous me ferez croire que vous trouvez les bergeres de cette contrée plus aymables que les bergers. – De cela, dit Alexis, n’en soyez point en doute, et n’en accusez que la nature, qui veut que chacun aime son semblable ; mais, mon serviteur, ne vous en faschez point, car il me restera encor assez d’amour pour vous. – Je croyois, reprit froidement Hylas, que pour avoir esté