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bonne compagnie. – Nous n’avons garde, dit Diane, de contrevenir à ce que vous voulez de nous, estant de toute sorte si fort à nostre advantage.

Ainsi fut résolu le voyage d’Adamas qui, en mesme temps, pour s’acquitter de sa promesse, supplia Daphnide d’y vouloir assister, laquelle s’y accorda librement, tant pour luy complaire que pour estre bien aise de voir un peu la façon de vivre de ces bergers et bergeres de Forests, desquelles elle avoit tant ouy parler. Alexis fut un peu estonnée de voir qu’il falloit retourner en son hameau, craignant tousjours infiniment d’estre recogneue. Toutesfois voyant que la chose estoit résolue, elle dissimula le mieux qu’elle peut ceste crainte. Et parce qu’Astrée, apres qu’elles eurent remercié le druide de ceste grande faveur, s’en vint resjouyr avec elle de ce qu’elles possederaient plus long-temps le bon-heur de sa presence : C’est moy, dit Alexis, belle bergere, qui dois faire cette resjouyssance, et qui puis dire avec verité n’avoir jamais eu rien qui m’ait pleu, depuis que je suis partie du lieu où j’ay esté eslevée que le contentement de vous voir. – Madame, dit Astrée, Dieu me garde de doubter jamais de chose que vous me disiez, mais j’advoue bien que s’il y en avoit quelqu’une qui me peust mettre en doute, ce seroit celle-cy, parce que malaisément me puis-je persuader qu’une personne