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ils viennent à descouvrir la Vérité, et à la redire à nostre ame, qui alors recognoissant cette ressemblance, se met à aimer ardemment ce qu’auparavant elle avoit veu sans aimer, et sans s’en soucier.

Diane, qui escoutoit fort attentivement Adamas : Mon pere, luy dit-elle, et moy aussi, si ce ne vous estoit importunité, je voudrois bien vous faire une demande. – Jamais, respondit Adamas, ce qui procede d’une si gratieuse bergere, ne peut avoir ce nom. Mais je crains que je ne pourray peut-estre vous respondre assez bien. – Je ne suis, repliqua-t’elle en sousriant, plus difficile que ma compagne, et puis la profonde cognoissance que le sage Adamas a de toutes choses, n’a garde de manquer au doute d’une ignorante bergere comme je suis. Dites-moy donc, je vous supplie mon pere, puis que l’amour procede de cette sympathie, qui est une image representée en nous de l’intelligence, et de la planette sous laquelle nous naissons, que veut dire que les personnes belles sont aimées presque ordinairement de chacun ? car il faudroit donc que tous ceux qui les ayment fussent nais sous mesme planette, ce que l’on void bien n’estre par le temps de leur naissance.

– Je me suis bien douté, respondit Adamas, que cette subtile bergere, me feroit une demande qui ne seroit