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que vous n’estiez pas beste.

– Et quoy ? interrompit Diane, qui estoit bien-aise de s’entremettre en leur discours, pour oster le moyen à Paris de continuer les siens : Et quoy, Hylas, voudriez-vous aimer une personne qui le fust ? – Je ne voudrois pas, dit-il, qu’elle le fust du tout, mais ouy bien un peu ; et pourveu qu’elle eust assez d’esprit pour croire tout ce que je luy dirois, je ne me soucierois point qu’elle peust expliquer-les profondes sciences de nos sçavans druides. – Mais, reprit Diane, si elle n’avoit d’esprit que pour vous croire, vous auriez trop de peine au soin qu’il vous faudroit avoir de sa conduite. – Vous vous trompez, dit il, bergere, car ce qui se fait pour plaisir ne donne jamais peine. – Quelques-uns le dient bien ainsi, adjousta Diane, mais je pense qu’ils sont menteurs, car je croy bien que le plaisir les empesche de penser à la peine ; mais qu’ils n’en ayent point, c’est une erreur puis que si l’exercice est violent on les void suer et halleter comme s’ils estoient pantois. – Voyez-vous pas ? dit alors Hylas ; et vous aussi, Diane, vous estes une de celles que je ne voudrois point aymer, vous avez trop d’esprit, et vous me mettez en peine de vous répondre, et c’est ce que je ne voudrois pas, car au contraire, je serois au comble de mes contentemens, si celle que j’aymerois admiroit tout ce que je ferois et tout ce que je dirois, car de l’admiration vient la bonne opinion, et de ceste bonne