remettre près d’elle, de laquelle Calidon l’avoit separée. Aussi-tost qu’elle vid Diane : Je vous supplie, luy dit-elle, belle bergere, aydez-moy à respondre aux beaux discours d’Hylas, car je vous asseure que je ne sçay plus m’en deffendre. – Ma maistresse, dit Hylas, quand on ne peut plus se deffendre, il se faut rendre, afin d’espreuver autant la courtoisie que l’on a ressenty la force et la valeur de son ennemy. – J’ayme mieux mourir, dit Alexis en sousriant, que me mettre à la mercy d’un tel vainqueur. – Et moy, répondit-il, j’ayme mieux non seulement vous ceder la victoire, mais me donner pour vaincu, que si pour me trop opiniastrer à ce combat, vous y mourriez. – Véritablement, répliqua Alexis, vous estes courtois, mais voyez-vous, Hylas, je suis si glorieuse, et désire si peu de m’obliger, que je ne sçay si je dois recevoir l’offre que vous me faites. – Ah ! pourquoy en feriez-vous difficulté dit Hylas, est-ce peut-estre pour la mespriser ? – Nullement, répondit Alexis, mais c’est que j’ay peur que d’estre victorieuse de ceste façon, ne soit estre vaincue. – O dieux ! s’écria alors Hylas, que j’ay tousjours bien dit qu’il estoit dangereux d’aymer une femme clergesse et qui eust esté nourrie parmy ces druides, des Carnutes ! Je vous jure par la foy et par l’amour que je vous porte, n’y avoir rien eu qui m’ait tant donné d’apprehension quand je commençay de vous aymer que ceste consideration
Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/452
Cette page n’a pas encore été corrigée