Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/448

Cette page n’a pas encore été corrigée

la terre. Vous me blasmez d’estre insensible, et de ne recognoistre l’affection que vous me portez ; et quelle me pensez-vous estre, si ne vous aimant point, je vis toutesfois de cette sorte avec vous ? Comment voulez-vous que je vous rende plus de preuve de ma bonne volonté, qu’en vous rendant, toutes les fois que vous venez vers moy, tout le bon visage que je suis capable de faire, si je reçois tout ce que vous me dites tout ainsi qu’il vous plaist, si je vous responds avec toute la courtoisie et toute la civilité que je puis penser m’estre permise, et vous estre agreable ? Qu’est-ce que vous desirez davantage de moy, ou que pensez-vous que je puisse de plus ? Voyez-vous que je caresse quelqu’un plus que vous ? Voyez-vous que je vous laisse pour aller entretenir quelqu’autre, ou plustost ne voyez-vous point qu’il n’y a personne que je ne laisse pour avoir le bien de parler à vous ?

– Ah ! belle bergere, dit Paris en souspirant, j’avoue ce que vous me dites, et que vous faites plus pour moy que pour tout autre, mais que me vaut cela, si en fin vous ne faictes rien pour personne ? Si mon affection n’estoit point telle qu’elle est, je veux dire, si elle n’estoit point extréme, je ne demanderois pas peut-estre avec tant d’importunité des tesmoignages de vostre bonne volonté. Mais de tout ce que vous me dites que vous faictes pour moy, qu’est-ce que vous