Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/440

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’Hylas et de Calidon ne pouvoit recevoir le contentement de parler à cette feinte druide et à la belle bergère.

Quant à Calidon et à Silvandre, ils n’en osoient point faire le semblant, mais Hylas qui n’avoit pas accoustumé dé se contraindre : Ma maistresse, dit-il, aussi tost qu’ils furent hors du logis, permettez que Calidon entretienne Astrée. – Et qui sera celuy, dit Astrée, en sousriant, qui tiendra compagnie à Alexis ?

– Ne vous en mettez point en peine, bergère, dict froidement Hylas, Celuy qui pourvoit l’hyver de grains aux oyseaux ne la laissera pas sans secours, et attendant qu’il luy en envoye un meilleur, je m’y offre. Et en mesme temps, sans attendre davantage, prit Alexis de l’autre bras : Vrayement, dit Astrée, à moitié en colère de se voir oster la commodité d’estre seule auprès d’Alexis, il est aisé à cognoistre, Hylas, que vous n’estes pas des bergers de Lignon, car ils n’ont guere accoustumé d’estre si hardis.

– Je le croy, dit Hylas, mais il y a bien apparence aussi que des bergers soient si courageux que moy. – Il me semble, répliqua Astrée, que puis que vous en portez l’habit, vous en devez avoir le courage. – Non, non, respondit-il, bergère, DESSOUS UN FER ROUILLÉ N’EST MOINS PREUX UN ACHILLE. Au contraire, si l’exemple