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bonne heure, et Diane craignant que Paris ne la vint trouver au lict, quoy qu’elle le vist avec beaucoup de discrétion, toutesfois ne se voulant mettre en ce danger, après qu’elle eut cogneu qu’Astrée estoit esveillée, elle se jetta à bas du lict, et contraignit Phillis d’en faire de mesme en luy reprochant : Et quoy, mon serviteur, n’avez-vous point de honte d’estre si endormy auprès de vostre maistresse ? – Je croy, dit Phillis, faschée qu’elle luy eust rompu son sommeil, que pour esveillée que vous soyez, vous le seriez encores plus, si Silvandre estoit en ma place. – O mon serviteur, dit Diane, laissons Silvandre où il est. Il ne pense pas en nous et nous ne pensons non plus en luy. – Quelqu’amour que j’aye pour vous, reprit Phillis, si ne voudrois-je pas estre obligée d’y penser si souvent qu’il fait. – Ce sont, répliqua Diane, les mauvaises opinions que vous avez de luy, mais vous verrez que quand j’auray donné le jugement qu’il attend, qu’incontinent il retournera à sa première façon de vivre.

– Par vostre foy, interrompit Astrée, le croyez-vous, ma sœur, comme vous le dites ? – Quand vous demandez un serment de moy, dit-elle, il faut bien que j’y songe un peu davantage avant que je vous responde pour luy, mais si vous voulez sçavoir de moy ce que j’en voudrois, je vous diray avec vérité que je l’aime tant, et moy aussi, que pour le repos de tous deux, je souhaitterois ce que j’ay dit. – Et par ma foy, dit Phillis en sousriant, je jure que vous estes menteuse. Et