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qu’il luy ordonne, surmonte toutes dfficultez, et esclaircit toutes ces petites doubtes qui pouvoient obscurcir la gloire de ses actions ; de sorte que pour ce qui me touche, il faut que vous ne vous en mettiez point en peine, non plus que pour ce qui est de vous, parce que jamais Tharamis n’entreprend une chose qu’il ne conduise à une parfaicte fin. C’est luy qui fait par moy ce que vous voyez que je fais pour vostre salut, me l’ayant commandé par son Oracle. Ne doutez donc point que vous et moy n’en devions recevoir du contentement.

Céladon vouloit répliquer, mais Leonide l’interrompit, luy disant : Voyez-vous ; berger, il faut faire bien souvent des choses pour autruy que l’on ne feroit pas pour soy-mesme. Si Adamas vous laisse icy, que pensera-t’on de vous, puis qu’il est contraint de nous y mener, Paris et moy ? Quelle opinion aura-t’on de vous, qui portez le nom de druide, ne venant point à un si solemnel sacrifice ? puis que vous y estes si avant, il faut passer plus outre, et quand ceste considération n’auroit point de lieu, puis que Tautates vous a remis une fois entre les mains d’Adamas et que vous y avez consenty, il n’y a pas apparence que vous puissiez vous en retirer, sans offencer le Dieu et Adamas aussi. Et le conseil en cela que vous devez prendre, c’est de fermer les yeux doresnavant à toute sorte de considérations, et les remettre toutes à sa prudence et à sa conduite.