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du Guy salutaire qui a esté trouvé en leur hameau, et de fortune sur le mesme chesne où vous avez fait le Temple d’Astrée, qui ne me donne pas un petit augure de bon heur pour vous. Et parce que je suis contraint d’y mener comme de coustume Paris et Leonide, il faut aussi que vous veniez avec nous. – Ah ! mon père, s’escria le berger, qu’est-ce que vous voulez faire de moy ? Et en quel danger me voulez-vous mettre, et vous aussi ? Puis qu’il a pleu au bon Tharamis que j’aye eu de contentement de voir ceste bergère, de parler à elle, et de n’en avoir point esté cogneu de personne de la troupe, ne vous mettez point, ny moy aussi, en un plus grand hazard, vous, dis-je, de qui la bonne réputation seroit grandement offencée, si l’on venoit à le sçavoir, et moy, de qui la mort est tres-asseurée aussi tost que je seray recogneu. Remercions ce grand Dieu de la grâce qu’il m’a faicte, et me laissez plustost retirer en quelque désert pour y achever mes misérables jours.

– Vous voicy revenu, reprit Adamas, à vostre première leçon. Ce Dieu que vous nommez m’a commandé de prendre soing de vous. En luy obéissant, je ne crains point de faillir, car, mon enfant, il faut que vous sçachiez qu’il ne commande jamais que ce qui est juste et louable, et quoy que l’ignorance humaine fasse quelquesfois juger le contraire, nous voyons tousjours qu’à la fin celuy qui ne se despart point de ce