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pour moy que fortune que je puisse jamais courre, car si Astrée venoit à me recognoistre, je jure et je proteste qu’il n’y a rien qui me peut jamais retenir en vie, parce qu’outre la juste occasion qu’elle auroit de se douloir de moy pour avoir contrevenu au commandement qu’elle m’a fait, encores aurois-je un si extrême déplaisir d’avoir manqué au respect que je luy dois, que s’il n’estoit suffisant de m’oster la vie, il n’y auroit invention que je ne recherchasse pour me donner une prompte et cruelle mort. – Et bien ! bien, répliqua Adamas, je voy bien que vostre mal n’est pas encores en estat de recevoir, les remèdes que je luy voulois donner, il faut attendre que le temps l’ait meury davantage, et cependant résolvez-vous de ne me point desobeyr en ce que je vous ordonneray, autrement j’aurois un grand sujet de vous accuser d’ingratitude.

Mon père, respondit Céladon, je ne manqueray jamais d’obeyssance envers vous, pourveu que vos commandemens ne contre-viennent à ceux que j’ay desja receus, et lesquels il m’est impossible de ne point observer. – Jamais, adjousta le druide, ce que je vous conseilleray ne contrariera à ce que vous dites, mais il ne faut pas aussi que le malade pense de sçavoir mieux les remèdes qu’il faut donner à son mal que le médecin qui en a pris la cure. Demain je m’en veux aller en la compagnie de ces bergers et bergères pour faire le sacrifice de remerciement