Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/419

Cette page n’a pas encore été corrigée

que toutes choses sont communes entre les personnes qui s’entraiment. Et pourquoy, l’aymant comme nous faisons, ne participerons-nous à tout le contentement qu’elle en recevra ?

Avec de semblables discours, ces bergères se mirent au lict, et après s’estre donné le bon soir s’endormirent avec la resolution qu’elles avoient prise. Mais d’autre costé Alexis s’estant, retirée dans sa chambre, et Leonide avec elle, le druide y entra incontinent après, qui ayant conduit Alcidon et les vieux pasteurs en leurs chambres, laissant le soing des autres à Paris, s’en vint trouver Céladon pour sçavoir ce qui s’estoit passé entre luy et Astrée.

Soudain qu’il le vid, après avoir fermé la porte sur eux pour n’estre ouy de personne : Et bien ! Alexis, luy dit-il en sousriant, comme se porte Céladon ? – De Céladon, respondit Alexis, je n’en ay encores point de nouvelles, mais pour Alexis, elle m’a juré n’avoir jamais eu plus de contentement depuis qu’elle est vostre fille. – Cela me suffit, dit Adamas, pourveu qu’il continue. Mais dites-moy en vérité, Céladon, vous repentez-vous à ceste heure de m’avoir creu ? – II est impossible, respondit le berger, que personne se puisse repentir de suivre vostre conseil, car vous n’en donnez jamais que de fort bons. Mais je vous diray, mon père, que celuy que j’ay receu de vous en ceste occasion est bien plus dangereux