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parler si asseurement, et après luy dit : Ma sœur, je vous jure que si voulez avoir quelque plaisir en ma compagnie, il faut que nous l’emmenions, autrement je suis une fille perdue. – Mais, dit Phillis, sçavez-vous bien ce que je prévois ? Je ne crains pas que nous ne l’emmenions par le moyen que Diane a proposé, ny qu’Alexis ne se plaise avec nous, quand je voudray en prendre la peine. Mais je voy desja, continua-t’elle, se tournant vers Diane, que ceste Astrée nous quittera pour cestë nouvelle venue, et qu’elle ne fera non plus d’estat de nous que si nous estions estrangers. Mais, ma sœur, sçavez-vous ce qu’il faut que nous fassions si cela advient ? Ceste Alexis ne pourra pas toujours demeurer icy, et un jour elle s’en retournera à Dreux, ou vers les Carnutes ; alors il faudra que nous ne fassions non plus de conte d’elle qu’elle en aura fait de nous. – Ah ! ma sœur, reprit Astrée, en luy mettant une main sur l’espaule, et de l’autre se frottant les yeux, vous estes mauvaise de m’aller remettre en mémoire ceste séparation. Pour Dieu ! ne prévenons point par la pensée le mal qui ne viendra que trop promptement. – Non, non, répliqua Diane, laissons toutes ces considérations à part, et faisons ce que nostre amitié nous commande. Puis qu’Astrée depuis si long temps n’a eu contentement que celuy-cy, faisons tout ce que nous pourrons pour le luy continuer, et encores qu’elle fist ce que vous dites, si nous l’aymons, en devons-nous estre marries ? puis