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trop indiscrette à vous en importuner. – Celle, adjousta Paris à qui j’ay donné mon cœur ne doit faire difficulté d’en sçavoir les secrets, ny moy non plus de les luy descouvrir. – Les hommes, repondit Diane, en faisant de semblables dons, donnent bien souvent et retiennent. – Si vous dites cela pour moy, repliqua incontinent Paris, pardonnez-moy, belle Diane, si je dis que vous avez tort, puis que le jour que je me donnay à vous, ou plustost que le Ciel m’y donna, ce fut d'une si entiere volonté, que je n’auray jamais contentement, que vous n’en ayez pris toute sorte de possession. Et c’est de vous de qui je parle, et de qui je souhaitte la demeure en cette maison, si j’y dois recevoir quelque contentement. – J’aurois peu d’esprit, respondit la bergere, en rougissant, si l’honneur que vous me faictes n’estoit receu de moy avec respect, ainsi que je le dois à vostre civilité. – Ne parlez point de respect, interrompit incontinent Paris, mais au lieu de ce mot, mettez-y celuy d’amour. – Cette parole, respondit-elle, sied trop mal en la bouche d’une fille. – S’il ne vous plaist, repliqua-t’il, l’avoir en la bouche, ayez la dans le cœur. – Je n’ay garde, reprit Diane, car j’ay trop cher l’honneur que vous me faictes de m’aimer, et cette faute m’en rendroit indigne.

II y avoit quelque temps que Silvandre et Hylas ne chantoient plus, et que le reste de la