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Mais voyez ces amans que l’on nomme infideles,
Esprits qui faits de plume au vent sont emportez !
Pourquoy les diroit-on, volant de tous costez,
Estre plustost amans que non pas yrondelles.

V
HYLAS

Quelle beauté voit-on en ces roses fanées,
En ces œillets flestris par la longueur du temps ?
Quels plaisirs donneront ? quels tristes passe-temps ?
N’estans plus de saison, ces beautez surannées ?

SILVANDRE

Et comment les douceurs seront-elles goustées
De ces fruicts qui trop verts n’ont goust ny sentiment ?
Et quels plaisirs aussi donneront à l’amant,
Ces trop vertes beautez qui semblent avortées ?

VI
HYLAS

Le temps consomme tout, rend la beauté moins belle.
Et n’est-ce estre imprudent d’amoindrir ses plaisirs ?
II faut doncques changer à tous coups nos desirs,
Pour jouyr à tous coups d’une beauté nouvelle.

SILVANDRE

Le temps rend à la fin toute chose mieux faite.
Qu’est-ce qui n’a, naissant, quelque imperfection ?
II faut donc demeurer en mesme affection,
Si nous voulons avoir une amitié parfaicte.

VII
HYLAS