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Sonnet

Que son amour esteinte ne se peut plus r’allumer.

Tant de sermens jurez d’amour et de constance,
Que perfide on vous ouyt profaner si souvent,
Ne sont pour nous tromper que des propos de vent
Qui se perdent en l’air si tost qu’ils ont naissance.

Vous sçavez qu’un brasier prend plus de violence,
Que sans cesse l’on va de soufles esmouvant,
Et qu’un feu qui couvert languist auparavant.
Par le vent agité reprend sa violence.

Vous le sçavez, trompeuse, et pensez en nos cœurs
De r’allumer les feux esteints par vos rigueurs
De ces propos de vent dont vous faictes coustume.

Mais ne le pensez plus : en vain sont vos efforts,
Le vent peut r’allumer des brasiers demy morts,
Mais ceux qui sont esteints jamais il ne r’allume.

Stelle oyant les reproches que Corilas luy faisoit, le voyant finir tendoit desja la main pour recevoir la harpe, et luy rendre ce qu’il luy avoit presté, mais le berger qui s’en douta bien, ne la luy voulut donner, disant qu’il n’estoit pas raisonnable qu’Hylas a qui l’on l’avoit premierement donnée, en fust si long-temps privé. Et la luy presentant : Ne vous offencez, bergere, dit-il à Stelle, si je la