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qui vous m’avez conjuré, je vous promets d’oresnavant de croire tout ce que vous me dites de vostre bonne volonté, mais avec condition que jamais vous ne vous en repentiez. Et en eschange je vous donne ma foy de ne vous refuser jamais chose que vous vueilliez de moy, quand vous me la demanderez au nom de celle que j’ayme le mieux. – Madame, reprit incontinent Astrée, je veux que les faisseaux de verveine et de fougere que nous presentons à Tautates, quand pour nostre salut et pour nostre conservation, l’on fait le sacrifice du pain et du vin, soient rejettez des vacies lors que je les offriray, et que le feu ny la fumée n’en soient jamais agreables à Hesus, Tharamis et Bellenus, si jamais je commets cette faute envers vous, à qui de nouveau je me redonne et me consacre pour toute ma vie. – Et moy, dit Alexis, je vous reçois, belle bergere, du meilleur de mon cœur, et vous donne cette main pour gage de la foy, et avec laquelle je me lie à vous d’une perpetuelle amitié.

Qui pourroit dire le contentement d’Astrée et qui, representer celuy d’Alexis ? L’une, pour se voir aux bonnes graces de celle aupres de laquelle elle faisoit dessein de vivre le reste de ses jours et l’autre pour ouyr ces paroles si pleines d’affection de celle qu’elle aymoit plus que soy-mesme. Et il faut croire que sans la crainte qu’Astrée avoit de ne pouvoir pas faire consentir ses