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Les Cieux s’ayment entr’eux, et d’un lien d’aimant L’un avec l’autre amour estraint chasque element. Et n’aymeray-je pas, ne voyant rien qui n’ayme ?

La nature en changeant se rend belle çà bas. Rien n’est en l’univers, qui ne ’change de mesme : Et voyant tout changer, ne changeray-je pas ? </poem>

Chapitre 4

A ces dernieres paroles, cette trouppe se trouva si pres d’Astrée et de ses compagnes, qu’elles se vindrent saluer et donner le bon jour, et par ainsi l’on cessa de chanter pour se demander des nouvelles les unes aux autres, et sçavoir comme la nuict avoit esté passée parmy elles. Un seul Hylas faisoit paroistre de ne se guere soucier de tout ce qu’elles faisoient, et s’addressant à Silvandre : Ah ! mon amy, luy disoit-il, et n’y a-t-il personne icy qui sçache aymer que moy ? Que s’il y en a quelque autre, à quoy vous amusez-vous tous de perdre ainsi le temps en ces petites niaiseries au lieu de l’employer à s’en aller vitement vers la belle Alexis ? -- Je m’asseure, respondit Phillis, qui l’ouyt, que nous y serons assez tost pour avoir le loisir d’y employer toute ta constance. -- Vous vous trompez, mon ennemie, respondit Silvandre, il a raison de nous haster, autrement il est dangereux que la fin de son amour ne devance le commencement de nostre voyage - Tu penses peut-estre, dit Hylas, me blasmer