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ay receue ? puis qu’il m’a esté si heureux de me faire cognoistre à vous, et de vous pouvoir asseurer de la volonté que j’ay de vous faire service. Mal aisément le pourray-je faire aussi dignement que j’y suis obligée, si je n’y employe la marque que le grand Tautates a voulu donner à nostre petit hameau, qui est le Guy sacré, que cette année il y a voulu faire croistre, presque pour augure du bon-heur que nous devions recevoir de vostre venue en ce lieu, monstrant bien par là que jamais sa main liberale ne s’employe à nous faire une grace seule, mais qu’il l’accompagne tousjours de plusieurs autres. – La grace et le bon-heur, dit Alexis, est tout de mon costé qui me suis treuvée icy en la saison que ce Guy salutaire doit estre cueilly, car cela a esté cause que j’ay eu le bien de vous voir et de vous cognoistre, qui estoit l’un de mes plus grands desirs. – Comment, madame, repliqua Astrée, nous feriez-vous bien ce tort à toutes et à moy particulierement, de croire que nous ne soyons venues icy que pour ce Guy salutaire duquel vous parlez ? – Je veux croire, respondit Alexis, tout ce qu’il vous plaira, mais vous me permettrez de dire que ce subject m’a fait avoir ce coup le contentement de vous voir ; et qu’encores que je n’eusse point esté icy, vous n’eussiez pas laissé d’y venir pour convier Adamas au sacrifice du remerciement. – Je vous proteste, madame, reprit