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à vos merites. Et pour ce, Daphnide, vous voyez bien qu’Alcidon vous aime, car pourquoy desireroit-il si passionnément d’estre aimé de vous, si veritablement il ne vous aimoit ? Et vous, Alcidon, vous voyez bien l’amour de Daphnide envers vous, car pourquoy seroit-elle jalouse de vous et de Clarinte, si l’amitié qu’elle vous porte n’estoit mere de cette jalousie ? Je vous ordonne, ou plus tost le grand Tautates le vous commande, qu’oubliant toutes les choses passées qui peuvent alterer vos bonnes volontez, et que, sans attendre de voir autre fontaine de la Verité d’Amour, vous vous réunissiez d’affection et r’allumiez de sorte ceste ancienne amour, que, comme la cognoissance que vous avez de vos merites vous oblige à vous aimer d’une tres-grande affection, vous fassiez paroistre que personne ne peut tant aimer que vous, puisque personne ne peut avoir plus de causes d’amour que le Ciel en a mis et en l’un et en l’autre.

A ce mot, Adamas, les prenant par la main et les mettant l’une dans l’autre : Qu’eternelles, dit-il, puissent estre ces unions ! II est impossible de representer les contentemens d’Alcidon, qui se pouvoient dire des transports, ny de redire les remercimens que quelquefois il faisoit au druide, et d’autresfois à Daphnide. Mais la modestie et, l’honnesteté avec