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IX
Grand roy, de qui la mort a peu seule, en ton ame,
Esteindre le beau feu qui pour moy t’enflamma,
Ce fut de ton amour que le mien s’alluma ;
J’enferme aussi mes feux où s’enferme ta flame.

X
Comme la terre esteint le feu de la chimere,
Le mien s’est estouffé des cendres d’un cercueil.
Et le phenix et moy ne bruslons qu’au soleil ;
Mon soleil n’estant plus, rien ne le peut plus faire.

XI
Donc je t’appends, ô Mort ! ce cœur que tu despouilles
De l’objet qu’en vivant il a jugé si beau ;
Je ne veux plus aimer que ce fatal tombeau,
Ny desirer que toy riche de mes despouilles.

Je m’asseure, cher Adamas, continua Alcidon, que vous jugerez aisément, par ces vers pleins d’une affection si extréme et d’une resolution de ne plus rien aimer, et lesquels elle ne desadvouera pas pour siens, que le mauvais accueil que j’ay receu de cette belle dame ne procede point d’ailleurs que de l’amour qu’elle portoit à ce grand prince, lequel toutesfois m’ayant voulu déguiser, elle a tasché de rejetter sur ma faute ce de quoy il falloit accuser les merites du grand