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profonde. Mais elle me permettra bien de vous dire des vers qu’elle fit quelque temps apres, lors, comme je crois, que je la recherchois avec trop d’importunité.

Ils sont tels :


Plainte de Daphnide sur la mort d’Euric

Stances

I
Que te sert-il, Amour, de resveiller mon ame ?
Ne croy point que mon cœur puisse estre reschauffé ;
Le feu de ses desirs fut alors estouffé,
Quand la mort insensible en esteignit la flamme

II
Insensible fut-elle aux excez de ma plainte,
Trop insensible, helas ! aux traicts de la pitié,
Puis que, pour me ravir à mon cœur sa moitié,
Elle ne peut jamais de mes pleurs estre atteinte.

III
Elle voulut montrer contre Amour sa puissance,
Luy ravissant d’un coup ce qu’il eut de meilleur.
Amour, comme un enfant, pleura bien mon mal-heur,
Mais que petite, hélas ! me fut cette allegeance !