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le plus grand qu’il m’estoit possible ? - Mais, me direz-vous, lorsqu’Euric en perdit la fantaisie, vous ne deviez plus vous y arrester, car ne sçavez-vous pas que l’occasion se changeant doit aussy diversifier les entreprises ? - J’avoue, madame, que l’effet cesse lorsque cesse sa cause ; mais puis que le roy s’estoit distrait de l’amitié qu’il portoit à Clarinte pour la recherche qu’il recogneut que je luy faisois, si j’eusse laissé cette recherche, pourquoy ne peut-on pas juger avec raison que peut-estre il eust renouvelé ceste amitié, et ceste derniere faute eust été pire que la premiere. Mais, belle Daphnide, si vous aviez volonté que je revinsse, que ne me le commandiez-vous ? Pouviez-vous croire de n’avoir une entiere puissance sur moy, puis que vous en aviez fait des preuves si signalées ?

Mais voicy une plaisante accusation : Soudain, dit-elle, qu’Euric est mort, le voilà qui laisse sa Clarinte, et, sans me demander pardon, s’en vient aussi effrontément à moy comme si jamais il ne s’estoit donné à personne. Qu’est-ce que desormais il te faut faire, infortuné Alcidon, pour rendre tesmoignage de ta fidelité, puis que ce qui en doit rendre plus de preuve est prins pour asseurance du contraire ? Je sers Clarinte par commandement et contre ma volonté, et seulement, comme disoit Daphnide, par raison d’Estat, afin qu’Euric s’en degouste ; et l’on trouve estrange