Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/371

Cette page n’a pas encore été corrigée

luy rendis ? Nullement, mais par la seule raison qu’elle-mesme allegue : Euric, dit-elle, voyant que vous la recherchez et qu’elle le souffre, la desdaignera et s’en retirera.

Voilà, mon pere, le seul subject de toute cette longue et artificieuse harangue. Elle pense que le roy ne l’aimera point tant qu’elle souhaitte, ou peut-estre qu’il se faschera, s’il n’est entierement asseuré que je ne pense plus en elle. Et voilà qu’elle me veut donner à Clarinte, afin qu’il s’en aperçoive tant plus tost. Eh bien ! je ne plains pas, ny le temps que j’y ay employé, ny les soins et la peine que j’en ay eus, puisque ç’a esté en luy obeyssant.

Mais, mon Dieu ! n’ay-je pas sujet de me douloir qu’elle m’ait deceu par ses discours pour m’esloigner d’elle, qu’elle m’ait abusé de promesses pour m’y arrester, et, qu’à mon retour elle m’ait accusé de la faute qu’elle a faite ? - Je vous jure, dit-elle, devant le Dieu qui punit les faux sermens, que toute la peine que vous employerez à la recherche de Clarinte sera mise par moy sur mon conte, et que ce sera moy qui vous en payeray. - Est-il possible, Daphnide, que-vous ayez proféré ces paroles et que maintenant vous vous plaigniez de la recherche que j’ay faite avec tant de soins à cette Clarinte, puis que vous les deviez mettre sur vostre conte, et que c’estoit vous qui m’en deviez payer ? N’avois-je pas raison de rendre le conte de mes services