Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/37

Cette page n’a pas encore été corrigée


II
Vous estes plus glissant qu’un glacé precipice,
Plus on vous veut serrer, et moins on vous estraint ;
Mal-heureux est celuy que le Ciel a contraint
A vous faire service ;
Vous estes pour son tourment,
Luy Sisiphe, et vous la roche
Qui retombe incessamment,
Quand du sommet elle approche.

III
Vostre ame qui sans chois brusle de toute flame,
Sous tant de divers feux estouffa man ardeur,
Par un contraire effect produisant la froideur
Dont se gele man ame ;
Par des contraires, en l’air
On ouyt gronder le tonnerre,
Qui devancé d’un esclair
Fait trembler toute la terre.

IV
Ce n’est donc sans raison, si dénouant mes chaisnes,
Je sors de la prison où j’ay languy pour vous ;
Je vivray bien contant de faire voir à tous
Que vos ames sont vaines ;
Et pour marque de vainqueur,
Je paindray pour mes trophées
Des flames dessous un cœur,
Mais des flames estouffées.