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heure autre chose, sinon que, pour la fontaine que vous cherchez, il est impossible que vous en receviez le benefice qu’il semble de vous promettre, qu’il n’arrive pour le moins de grandes choses. Car, madame, il faut que vous sçachiez que ceste fontaine, comme je vous ay dit, est veritablement en ce pays, et non pas fort loing de ceste maison. Mais il y a quelque temps qu’à cause de Clidaman et de Guyemants, un sçavant druide l’enchanta et y mit des gardes qu’il est impossible de forcer, tant parce que ce sont des animaux qui naturellement ne peuvent estre surmontez qu’avec une tres-grande peine et un tres-grand peril, que d’autant qu’ils y sont retenus par enchantemens. Et comme je vous en ay desjà discouru, tels charmes ne peuvent estre deffaits que par le sang et la mort du plus fidele amant et de la plus fidelle amante qui se puissent trouver.

- Et quels sont ces animaux ? interrompit Alcidon. Car s’il ne faut que mettre la vie pour tesmoigner à ceste belle dame que veritablement je l’aime et l’ay tousjours aimée, je suis prest à la donner de bon cœur.

- Si vous trouviez, dit en sousriant le druide, comme je vous ay dit une autre fois, aussi bien la fidelle amante, que vous estes disposée à faire le personnage du fidelle amant, peut-estre pourriez-vous, avec la perte de vostre vie, donner la vue de cette fontaine à la belle Daphnide. Mais je croy que mal-aisément pourrez-vous rencontrer