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bien fardées, mais sans aucune verité, je resistay de sorte qu’en fin nous resolusmes de recourir à l’oracle. II nous respondit ainsi :


Pour sortir de tant de peine,
Dedans les forests, un jour,
Vous pourrez voir la fontaine
De la Verité d’Amour.

Cette response, assez obscure pour nous, qui n’avions guere de cognoissance de cette contrée, et point du tout de la fontaine de la Verité d’Amour, nous mit en peine. Et parce qu’Alcidon vouloit, pour mieux dissimuler, me monstrer un tres-grand desir de me faire voir la verité de son affection, il s’enquit de tant de costez, qu’en fin il apprit des nouvelles de cette fontaine, et ne nous laissa jamais en paix qu’il ne nous eust fait resoudre à ce voyage. Je vous advoueray bien, mon pere, que son importunité peust beaucoup pour m’y disposer, mais l’une des principales raisons qui me le fit faire fut pour esloigner, pour quelque temps, les lieux où je pouvois avoir de si cuisans regrets de la perte que j’avois faite, me semblant que, quand j’en serois loing, je n’en aurois pas les ressouvenirs si vifs, ny si pressans.

Et à cela s’adjousta encores la curiosité