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d’allegement. Ils sont tels :


Sonnet

Sur la mort du grand Euric.

Quand enfin des guerriers celuy qui tout dispose
Voulut qu’en son midi se couchast le soleil,
Et que jamais depuis l’on n’en vist le resveil,
(Ainsi disoit Daphnide au cercueil qu’elle arrose),

Puisqu’icy, mon soleil, ta lumiere est enclose,
Puisque c’est pour tousjours qu’on se cache à mon œil,
Reçois ces tristes vœux que, tesmoins de mon dueil,
Je ne rompray jamais qu’en toy je ne repose ;

Les pleurs qui de mes yeux voileront le flambeau,
Les plaisirs que j’enterre en ton mesme tombeau,
Les desirs estouffez dont fut mon ame atteinte,

L’amour qu’en un regret je change pour tousjours,
Tesmoigneront en moy, de nos pures amours,
L’ardeur vive à jamais, estant la flame esteinte.

Or, mon pere, continua Daphnide, pour laisser ces tristes ressouvenirs qui ne peuvent que vous estre ennuyeux, et pour reprendre le sujet que j’avois commencé, je vous diray que, cependant que j’estois