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de telle sorte l’imposture d’Alcyre qu’Amintor n’en pouvoit plus estre en doubte. Si ce chevalier demeura estonné, oyant le tesmoignage de tant de personnes, qui ne pouvoit point estre mis en doubte, vous le pouvez juger, mon pere, puisqu’il avoit creu si asseurement le contraire, qu’il jugeoit impossible qu’il en fust autrement.

Et apres que toutes ses filles se furent retirées, il reprit ainsi la parole : Il faut advouer, madame, que l’imposture d’Alcyre a esté grande, et que, comme telle, elle a traisné deux grandes offences à sa suitte : l’une qu’il a commise envers moy, et l’autre, qu’il m’a fait commettre contre vous. Et parce que je cognois aussi bien mon erreur que sa meschanceté je commenceray, madame, dit-il, se jettant à genoux devant elle, à vous demander pardon de la mauvaise opinion que j’ay eue de vous, vous suppliant de considerer combien malicieusement cette ruse à esté inventée, et combien la vraye amour est ordinairement sujette à la jalousie. Et puis, quand j’auray obtenu le pardon que je vous demande, je sçauray pourquoy Alcyre m’a voulu offencer de cette sorte, et luy monstreray que je sçay mieux me servir de ce que je porte au costé pour descouvrir ses malicieuses impostures, qu’il n’a d’infidelité à trahir un amy, ny de malices à vouloir offencer la reputation de Clarinte.

Elle qui avoit tousjours conservé, parmy ses despits