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grande meschanceté. Premierement, Amintor, je vous jure et proteste qu’il n’y a rien au monde de plus faux que cette imposture, et veux que les dieux ne soyent point dieux pour moy, mais demons, afin de me chastier de la plus cruelle punition qui fust jamais inventée contre parjure, s’il y a, en toute cette meschanceté, la moindre chose qui soit vraye. Et, en second lieu je vous conjure, par nostre amitié passée, et par la memoire des promesses que vous m’avez faites si souvent de vostre bonne volonté, outre l’obligation à quoy vous astraint le parentage qui est entre nous, de vouloir averer cette meschanceté de telle sorte qu’il ne vous en demeure, ny à autre qui en ait ouy parler, la moindre doute qu’il y puisse avoir de la verité. Et à cette condition, et non point autrement, je vous pardonne l’offence que vous m’avez faicte, de croire en moy une chose tant indigne de moy. Et quoy que je le puisse faire avant que vous sortiez d’icy, si est-ce que je desire, pour ma satisfaction, que, comme Alcyre et vos yeux vous ont deceus, ce soient eux aussy qui vous detrompent. Vous dites qu’il vient fort souvent me trouver : voyez ce qu’il devient, et je m’asseure que vous trouverez qu’il va ailleurs.

Et toutesfois, pour ne vous laisser si long temps en cette mauvaise opinion de moy, attendant que, par autre moyen, vous en sortiez encore plus clairement, je