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Belles fleurs, que le Ciel de tant de grace honore,
Qu’heureuses vous serez en un si beau sejour !
Vous mourrez, il est vray, mais sur l’autel d’amour,
Autel où tous les cœurs voudroient mourir encore.

Que vous vinstes, ô fleurs, sous un heureux destin !
Vous naquistes jadis dedans un beau jardin,
Et de mourir icy vous estes destinées.

D’avoir changé de lieu, qu’il ne vous fasche pas,
Car vous mourrez bien mieux que vous n’estes pas nées.
O Dieu ! qui n’esliroit avec vous ce trespas ?

Je ne sçay, continua Amintor, si les vers qui suivent me feront perdre la creance que j’ay ; mais jusques icy, je la tiens encores tres-asseurée. Et, reprenant le papier, il leut les autres, qui estoient tels :


Sonnet

sur le mesme sujet.

Je la vis dans le lict, un bouquet aupres d’elle.
Oh ! combien en ses dons le Ciel est envieux !
Si j’estois, comme vous, aupres de ceste belle,
Quel plus heureux sejour voudrois-je entre les dieux ?

O fleurs ! si vous l’aimiez comme j’aime ses yeux,