de vous voir en un meilleur estat que l’on ne m’avoit pas figuré ce matin. - Hé quoy ! Amintor, respondit-elle, vous me pensiez peut-estre trouver morte ? Non, non, je ne vous veux pas encore mettre en despense d’un habit noir, et, pour vous montrer que, Dieu mercy, je ne suis pas reduite à un tel estat, je veux, en satisfaisant à la curiosité que vous avez de sçavoir de mes nouvelles, vous monstrer que mes pensées tendent bien ailleurs.
Et lors, passant la main sous le chevet, elle en tira un papier qu’elle luy presenta : Tenez, Amintor, continua-t’elle, lisez ces vers qui ont esté faits sur ces fleurs, que vous voyez attachées au chevet de mon lict, et puis, si vous n’en sçavez deviner l’auteur, je le vous diray. - Avant, dit-il, que de les lire, je penserois le pouvoir nommer asseurément. Et lors, les despliant il trouva qu’ils estoient tels :
Madrigal
Sur un bouquet de fleurs,
aupres de Clarinte, dans le lict.
Pres d’elle, sur son lict, un bouquet j’apperceus.
Que d’envie aussi tost contre luy je conceus !
O fleurs ! au prix de moy, que vous estes heureuses !
En souspirant leur dis-je ; et lors, me reprenant,
Je dis incontinent :
Mais pour n’estre amoureuses,