d’Alcyre et les mescontentemens de Clarinte afin de vous faire mieux entendre comme Alcidon, pour effectuer la priere que je luy avois faite, parvint aux bonnes graces de Clarinte, parce que c’est une chose tres-asseurée que, sans cette dissension, il eust peu mal-aisément venir à bout de son dessein. Mais comme il a tousjours esté tres-heureux en tout ce qu’il a entrepris, il ne le fut pas moins à ce coup, de rencontrer ce hazard si à propos.
Alcidon a voulu couvrir tant qu’il a peu son infidelité par les discours qu’il a faits. Et quoy que je me sois teue quand il en a parlé, et que, quand il me vint retrouver la premiere fois, je n’en fisse point de semblant, si est-ce que sçavois-je tres-bien que le long temps qu’il estoit demeuré sans me faire sçavoir de ses nouvelles avoit veu naistre d’autres affections en luy que celles qu’il avoit eues pour moy. Car, sans en chercher de plus esloignées, je sçavois fort asseurément que, Torrismond estant mort, lorsque Thierry, son frere, prit la couronne, il vid, dans l’une des villes d’Aquitaine, Clarinte, et qu’il l’aima. Et si je voulois, peut-estre luy pourrois-je bien dire et le temps et le lieu ; mais il suffit qu’en son ame il sçait bien que je dis vray.
Et parce qu’Alcidon faisoit semblant de ne vouloir point avouer ce qu’elle disoit : Non, non, dit-elle, Alcidon, ne niez point la verité ; vous scavez que je dis vray, et que, peu de temps apres l’accident de Damon et de Madonte, Torrismond