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Roy Euric.==

C’est à la grandeur de mon affection, et non plus de mon merite, que vous avez voulu mesurer la faveur que j’ay receue de vous. Mais à quoy faut-il que j’esgale le remerciement que je vous en dois ? Sera-ce point, pour ne vous estre redevable, à ceste mesme grandeur de mon affection ? Mais, estant infinie, avec quoy se pourroit-elle esgaler ? Avec ce qui est, comme elle, infiny, et telle est la volonté que j’ay de vous faire service, laquelle je vous supplie de recevoir, comme celle de la personne du monde qui vous ayme le plus, et qui y est aussi la plus obligée.

Ce qu’Alcyre desiroit sur toutes choses, c’estoit qu’Amintor escrivist cette lettre sur ce subject, non pas pour la donner au roy, ainsi qu’il en faisoit le semblant, mais pour un autre effect, qu’il avoit desseing en luy-mesme. Il loue donc grandement la vivacité de son esprit, et la facilité qu’il avoit de mettre ses conceptions par escrit, le remercie de ce qu'il a fait pour luy, l’ayant osté d’une peine qui n’estoit pas petite, et, la mettant dans sa poche, s’en va, feignant de la vouloir rescrire dans un petit cabinet, où il souloit se