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vous demeurez en vostre logis.

Et Amintor luy ayant promis de l’y attendre, ils se separerent sur cette resolution.

Jugez, sage Adamas, à quelle imposture nous sommes subjettes, par l’exemple de cette sage dame, qui, encore qu’innocente, est toutefois, par la finesse d’Alcyre, estimée et blasmée par Amintor comme tres-coulpable. Il s’alla renfermer dés l’heure mesme dans sa chambre, attendant avec impatience que le rusé Alcyre le vinst advertir. Luy, cependant, desireux d’achever aussi bien son entreprise qu’il luy sembloit d’y avoir donné un bon commencement, et ayant desjà de longue main resolu ce qu’il avoit à faire, l’heure estant venue que chacun estoit prest de se mettre au lit, il se demesla de tous ceux qui estoient d’ordinaire avec luy et vint trouver Amintor, pour le conduire où il luy avoit promis.

Le roi Euric, qui se plaisoit grandement parmy les dames, afin d’avoir plus de commodité de nous voir, nous avoient logées, Clarinte, Adelonde et moy, dans son palais, feignant que c’estoit pour nous faire plus d’honneur. Le quartier de Clarinte estoit presque à plein pied de la cour, et ne falloit que monter trois ou quatre marches pour y aller ; et estant sur ce petit perron, on entroit dans sa chambre par deux divers endroits. Par l’un, on trouvoit une grande salle et une antichambre avant que d’y entrer ; par l’autre, on passoit par une