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nous ne serions pas si proches parens que nous sommes, vous me devez croire assez vostre amy pour ne vous point traitter de la sorte que vous dites. Mais il est certain qu’il y a longtemps que je vous eusse adverty de ce que vous desirez de sçavoir à cette heure, si je n’eusse eu peur de vous faire desplaisir ; et cette mesme consideration m’en empeschera encore, si vous ne m’asseurez du contraire. - Je ne vous asseureray pas, dit-il, de n’avoir point de desplaisir de ce que vous me pourriez dire, et mesme estant à mon desadvantage ; mais trop bien que je vous auray une tres-grande obligation, si vous me dites ce que c’est, afin d’y remedier, ainsi que je jugeray estre à propos. - Si vous me promettez, dit Alcyre, d’en user avec discretion, et vous servir de l’advertissement que je vous donneray, seulement pour sortir de la tromperie où l’on vous retient, je suis tout prest à le vous dire, comme vostre parent et vostre amy ; mais autrement je ne le feray pas, puis que, sans vous profiter en rien, il me pourroit beaucoup nuire.

Et Amintor le luy ayant promis avec toute sorte d’asseurance, Alcyre reprit ainsi la parole : Sçachez, Amintor, qu’apres avoir longuement servy la belle Clarinte, ma bonne fortune a esté telle qu’elle s’est entierement donné à moy et que je la possede. - Ah Dieu ! s’escria le chevalier, qu’est-ce que vous me dites ? Vous possedez Clarinte ! - Je la possede veritablement,