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m’aimoit, ces paroles le devoient contenter, et toutesfois je vis bien qu’il se mettoit en cette entreprise à contre-cœur, et seulement pour ne vouloir pas me desobeïr. Si est-ce que, pour observer ce qu’il m’avoit promis, il s’y resolut, et, selon sa discretion naturelle, il commença cette recherche, en laquelle, certes, il y trouva plus de difficulté que nous n’avions pensé, et y en eust bien eu encore davantage, si la fortune, qui s’est tant pleue à le favoriser en tout ce qu’il a voulu aimer, ne luy eust elle-mesme osté les plus grands empeschemens par la rencontre que je vous vay dire.

Histoire de l’artifice d’Alcyre.

II est aisé à juger que Clarinte, estant belle et telle que je la vous ay dite, et nourrie dans une Cour remplie de chevaliers jeunes et genereux, n’estoit pas demeurée si long-temps sans estre servie, et peut-estre encore sans aimer. Entre tous, il y en avoit deux, qui, sous pretexte de parentage qu’ils avoient avec elle, s’estoient plus avancez en ses bonnes graces. L’un s’appelloit Amintor et l’autre Alcyre, tous deux, certes, tres-