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en ce que vous me commandez, et telle que je m’asseure que vous en aurez pitié, et Dieu vueille que ce ne soit point trop tard ! Toutesfois, je me suis de sorte sousmis entierement à vostre volonté, que je vous proteste d’obeyr à ce que vous m’avez commandé ; et ne croyez point que j’y faille, sinon en tant que la puissance me manquera. Et quoy que vous voyiez le trouble où vous m’avez mis par ce commandement, ne pensez pas, je vous supplie, qu’il procede d’ailleurs que de ma trop grande affection, qui ne me peut permettre de m’esloigner de vous ou d’en servir une autre (encore que ce soit par feinte) sans une tres-grande peine.

Alcidon, luy dis-je alors, luy jetant un bras au col, ce n’est pas de cette heure que j’ay commencé de recognoistre les effects de vostre bonne volonté, ni combien, outre vos merites, elle m’oblige à vous aimer. Mais croyez aussi que, si la mort ne me surprend bien tost, je sortiray quelque jour de ces debtes, et me desobligeray de ce que je scay bien que je vous dois, par d’aussi grands tesmoignages de mon amitié envers vous que vous m’en avez rendus, et que j’en reçois maintenant. Et, afin que vous puissiez prevoir quel est mon dessein, je vous promets, Alcidon, et vous jure devant Dieu, qui punit les faux sermens, que toute la peine que vous employerez à la recherche de Clarinte sera mise par moi sur mon conte, et que ce sera moy qui vous en paieray.

II me semble que, si Alcidon