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bien tost vous en ferez de mesme.

II me vouloit respondre, mais il en fut empesché par une grande troupe de chevaliers qui le venoient visiter, et peu apres, je le laissay avec eux, non pas entierement guery du mal d’esprit, mais tellement disposé que mes raisons commencerent d’y trouver place. Et parce que je desirois sur toute chose sa santé, je fus soigneuse de le revoir deux ou trois jours suyvans, durant lesquels je luy representay tellement le juste dessein qui me faisoit vivre avec Euric de cette sorte, qu’en fin luy-mesme y consentit, voyant, comme je crois, que les affaires estoient un en tel estat qu’aussi bien n’y pouvoit-il plus remedier. Et, sur ce discours, je luy promis que, comme nostre affection avoit esté la premiere que j’avois eue, qu’elle seroit aussi la derniere, avec laquelle je luy promettois de m’enfermer dans le tombeau ; que celle que je porterois à Euric s’appelleroit raison d’estat, et celle que je continuerois avec luy, amour du cœur.

Voylà, mon pere, les remedes desquels j’usay pour guerir ce malade, qui furent si bons qu’il commenca à se r’avoir, et, peu apres, à sortir du lict. Et en fin, avant que je partisse d’Avignon, il fut guery entierement, et tellement resolu à me voir favoriser le roy, que, bien souvent, luy-mesme l’accompagnoit en mon logis quand il me venoit visiter. Il est vray qu’il me fallut user d’un tres-